mercredi 6 mars 2019

Typomex


Affiches mexicaines imprimées sur des presses typo Heidelberg

Les affiches de catch (Lucha Libre) représentent un aspect spectaculaire de la richesse graphique de la culture populaire mexicaine.




Etant donné la fréquence et le nombre élevés de spectacles, elles sont conçues et imprimées très rapidement, en quelques heures.
Il s'agit donc d'une économie de l'urgence, de la vitesse et de l'efficacité, basée sur des moyens de production peu coûteux.
Ces affiches sont fabriquées dans de petits ateliers équipés de presses typographiques Heidelberg à cylindres, comme La Imprenta Payol à Mexico. 




Ces machines, parfois datant du milieu des années 30, constituent un matériel d'une qualité et d'une solidité exceptionnelles.


Les éléments préexistants figurant sur les affiches (lettrages, motifs, figures) sont montés et ajustés manuellement sur un châssis au format. 




Ces éléments mobiles sont des blocs de bois, de métal et même de plastique comportant des caractères typographiques, des motifs décoratifs ou des figures de catcheurs. Les imprimeurs en possédent des milliers, de toutes dimensions, rangés dans des casiers.




Les grandes affiches, qui nécessitent donc plusieurs châssis, sont imprimées en plusieurs fois. 
Ce châssis est intégré dans la machine et l'encre de couleur appliquée directement sur les cylindres. Toujours selon ce procédé, certaines affiches peuvent être imprimées directement en 2 ou 3 couleurs avec un dégradé.


Grâce à ce système de production, les ateliers produisent plusieurs affiches par jour.
Cette technique et ce type d'affiches demeurent très répandus jusqu'au début des années 2000.
Petit à petit, ce système de production se transforme suite aux évolutions technologiques : les ordinateurs, le prepress, l'apport de la quadrichromie, les presses offset et numériques.
Aujourd'hui, les affiches imprimées sur des presses typo ont presque disparu. Elles ont été remplacées par un processus digital avec des posters multicolores surchargés où figurent les photos des catcheurs.






















mercredi 20 février 2019

Découpée en morceaux par son amant !

Hyper-sensationnalisme
Stratégies de la représentation dans les couvertures 
de la presse des faits divers criminels

La presse populaire de grande diffusion, apparue à la fin du XIXème siècle, s'empare rapidement des faits divers. Ce phénomène survient dans plusieurs pays industrialisés, notamment en Amérique du Nord et en France.
La première raison est d'abord une question de rentabilité. En effet, des journaux comme Le Petit Journal ou Le Petit Parisien tirent à plus d'un million d'exemplaires.
Au début du XIXème siècle, les couvertures de ces journaux comportent des dessins élaborés. Les compositions mettent l'accent sur les situations tragiques et les exagèrent. Les mises en scène sont théâtrales. Le soucis de réalisme documentaire paraît absent. On est plutôt face à une réalité réinventée.
La presse de faits divers criminels se développe dans les années 20 et utilise massivement la photo dans un soucis de « vérité dramatique ». Elle mélange aussi dessin et photo retouchée.
Les unes de ces magazines présentent plusieurs types de couvertures.
Certaines font preuve d'une recherche documentaire évidente, avec des personnages contextualisés dans un décor et un arrière-plan bien présent. 
D'autres, résultats d'une technique élaborée de photomontage, montrent des compositions dynamiques. 
La tendance est au « fantastique social », un concept traduisant les inquiétudes engendrées par la modernité et dépeignant la Ville comme lieu de tous les vices et de toutes les dépravations.
La typographie commence aussi à jouer un rôle de premier plan. De plus en plus présente, dessinée à la main, elle vient soutenir la photo en dramatisant et dynamisant l'ensemble.
D'autres couvertures comportent un visage souvent de face, sans arrière-plan. Progressivement, cette « frontalité » du portrait de couverture se transforme en norme.
Socialement et politiquement, le portait frontal constitue le mode de représentation des classes laborieuses (lectrices avides de la presse de faits divers criminels).
Ce processus entamé dans les années 20 se poursuit encore jusqu'à aujourd'hui.
D'une façon générale, le layout des couvertures (format, positionnement du titre dans un cartouche rouge, couleurs rouge noir blanc) a subit l'influence prépondérante du magazine américain LIFE jusqu'au milieu des années 50.
Il faut cependant noter plusieurs évolutions notables entre les couvertures du Détective lancé par Gallimard au début des années 20 et Le Nouveau Détective d'aujourd'hui (dont la diffusion voisine environ 150.000 exemplaires par mois).
Les typos dessinées cèdent la place à des typos mécaniques linéales. Le volume du texte sur la couverture gagne jusqu'à 50% de la surface de celle-ci avec des phrases lapidaires toujours inquiétantes.
A souligner également : le style du dessinateur Angelo Di Marco, qui marqua profondément la presse populaire française entre la fin des années 50 et le début des années 2000. Au lieu d'une photo, les dessins de Di Marco représentent des catastrophes, des accidents ou des crimes (mais sans une goutte de sang) de façon hyperréaliste en mettant l'accent sur la tension dramatique.






















































D'une façon générale, le layout des couvertures (format, positionnement du titre dans un cartouche rouge, couleurs rouge noir blanc) a subit l'influence prépondérante du magazine américain LIFE jusqu'au milieu des années 50.