SOMMAIRE
Introduction
1. La veste de gang
2. Déclinaisons
1. La veste de gang
A. Histoire et contexte
B. Références visuelles
I. Gangs de motards
II. Karl Heinz Weinberger
III. Roquette Rockers
IV. Les punks
V. Heavy Metal
VI. Les gangs du Bronx
VII. Le hip hop
VIII. Ben Venom
IX. Camille Lavaud Benito
X. Aurélie William Levaux et Moolinex
XI. Dave Decat
C. Liens internet
2. Déclinaisons
A. Cartes de compliments, gangs de Chicago, années 1960-1970
B. Typographies, signes et éditions
I. Cholo Writing, François Chastanet
II. Chaz Bojorquez
III. Heated Word
IV. Teen Angels
V. Secret Signals
INTRODUCTION
Le projet individuel de ce premier quadrimestre concerne les gangs de rue, envisagés sous l'angle de phénomène culturel et artistique.
Sous les termes de « culture graphique criminelle », j'entends l'univers graphique brut et spontané créé par ces membres de gangs.
Cet univers regroupe des pratiques artistiques sauvages, contestataires, interdites, clandestines, précaires, éphémères, oubliées, disparues, en dehors de toutes références académiques, de reconnaissance institutionnelle et des codes esthétiques imposés par la classe bourgeoise dominante (avant leur récupération éventuelle par celle-ci).
Teen Angels, Chicano fanzine
Teen Angels, Chicano fanzine
Ces pratiques nous interrogent par rapport à leurs implications sociales car elles sont issues de classes populaires défavorisées, dévalorisées et exclues.
Il s'agit, pour vous, de vous en inspirer et de livrer votre propre interprétation de ces formes graphiques. Vous êtes donc entièrement libres sur le plan de la création.
Dans ce cadre, différentes réalisations sont à produire.
1. La veste de gang
Veste en denim (jean), trouvable en fripe ou seconde main à prix réduit (Oxfam, Petits Riens, Melting Pot Kilo, Episode...), à customiser aux couleurs du gang de rue que vous aurez personnellement choisi d'inventer.
La peinture, au dos de la veste, de l'emblème et du nom de votre gang peut s'effectuer avec de l'acrylique et du Posca. Une couche préalable de blanc peut s'appliquer sur la surface à peindre.
Sur le plan technique, la broderie est envisageable mais le processus est plus long.
Fournitures :
Schleiper
Droguerie Le Lion :
https://droguerie-bruxelles.be/
Montana Shop :
http://www.montanashop.be/
Rebel Youth © Karl Heinz Weinberger
2. Déclinaisons
Cartes de visite, posters, éditions (au choix).
Ces objets constituent un développement graphique de l'emblème et du nom typographié que vous aurez inventés.
Par exemple, la création de la typographie peut donner lieu à la composition d'une affiche et/ou à une édition.
Veuillez trouver ci-dessous des éléments historiques, de contextualisation et de référence.
1. LA VESTE DE GANG
A. HISTOIRE et CONTEXTES
Un des éléments les plus visibles et les plus caractéristiques de la culture graphique des gangs et bandes de rue réside dans la veste.
Elle représente la carte d'identité visuelle de la personne qui la possède.
Ce vêtement porte des noms différents en fonction des types de bandes : cut chez les outlaw bikers, colors dans les communautés afro-américaine et portoricaine, kutte ou battle jacket dans les mouvements punk et métal...
Elle consiste en une veste en denim aux manches coupées, décorée au dos d'un grand emblème peint ou brodé, ainsi que de patches en tissu cousus.
L'origine de cette customisation de la veste en tant qu'élément signalétique, identitaire et revendicateur remonte à la Seconde Guerre mondiale.
Les équipages des bombardiers de l'aviation américaine, combattant contre l'Allemagne nazie, peignaient des figures et des slogans au dos de leurs blousons en cuir. Le but de cette pratique était probablement d'exorciser la peur et le danger régnant au sein de ces unités qui connaissaient un taux de perte avoisinant parfois 30%.
Après cette guerre, de nombreux soldats, incapables de se réintégrer dans la société civile, formèrent des bandes de motards (Motorcycle Clubs ou MCs) dont certaines basculèrent dans la criminalité. Ces bikers se baptisèrent les one percenters. Avec les femmes qui les accompagnaient, ils vivaient en marge.
Ces communautés, quasiment tribales, symbolisaient une remise en question radicale des normes sociales dominantes. Elles formaient un monde parallèle, constamment combattu par la police. Ces rebelles portaient des vestes en cuir ou en denim décorées du nom de leur gang et de leur territoire. Les figures qui accompagnaient ces typographies artisanales dégageaient souvent un caractère hostile, macabre et provocateur (têtes de mort, cercueils, haches, couteaux...).
Ce courant se développa tout au long des années 1950 et commença à toucher le continent européen (Rockers en Grande-Bretagne, Halbstarken en Allemagne, Suisse, Autriche...).
Durant la décennie suivante aux Etats-Unis, il bénéficia du climat d'opposition à l'ordre établi instigué par la contre-culture underground dont il devint un des éléments constitutifs. Des centaines de MCs naquirent ou se développèrent : Hells Angels (les plus connus), East Bay Dragons, Outlaws, Bandidos, Vagos, Pagans, Mongols... Le cinéma américain produisit même un genre de films populaires les mettant en scène.
Le style vestimentaire qui les accompagnait (cheveux longs, denim troué...) a marqué une évolution importante dans l'histoire de la mode.
Dès lors, plusieurs autres mouvements s'emparèrent des caractéristiques visuelles de l'esthétique outlaw biker, même sans motos.
A la fin des années 1960, une énorme vague de contestation et d'émeutes balaya l'Amérique du Nord. Elle fut provoquée par la communauté afro-américaine, défavorisée et victime de racisme. D'autres minorités (portoricaine, latino...) revendiquérent également leurs droits.
Des gangs de jeunes issus des ghettos, notamment dans le Bronx à New York, défendant leurs identités, leurs quartiers et leurs territoires, arborèrent des vestes customisées à la façon des bikers hors-la-loi : Black Spades, Savage Skulls, Tomahawks, Assassinators...
L'irruption punk à partir de 1977 amena la customisation des battle jackets, lorsque les vestes se transformèrent en slogans politiques, le plus souvent anarchistes ou nihilistes (Destroy, No Future...)
Dans le même temps, la forte popularité du heavy metal voyait ses adeptes recouvrir leurs vestes de patches de différentes tailles et les décorer avec le(s) nom(s) de leur(s) groupes préférés. L'imagerie prônée ici se démarque par son côté démoniaque, avec parfois des références médiévales (Vikings, dragons...).
L'avènement du hip hop, quelques années plus tard, apporta une évolution supplémentaire de la décoration de la veste, orientée cette fois vers le graffiti wildstyle ornemental et chargé.
Au cours des décennies suivantes, des artistes s'emparent de la veste de gang customisée. Elle se voit détournée de sa signification originelle pour devenir un objet de création artistique à part entière.
B. REFERENCES VISUELLES
I. Gangs de motards
Milwaukee Outlaws MC © Danny Lyon
Chicago Outlaws MC © Danny Lyon
Venice Straight Satans MC – photo vernaculaire
Devil's Disciples MC @ Jeff Decker
Iron Coffin MC @ Jeff Decker
Satans Prophets MC @ Jeff Decker
Hydra MC @ Jeff Decker
Cobras MC @ Jeff Decker
II. Karl Heinz Weinberger
Photographies des Halbstarken (loubards) en Suisse, entre la fin des années 1950 et la fin des années 1960.
III. Roquette Rockers
Photographies de Ken Pate sur les rockers de la rue de la Roquette à Paris en 1975.
IV. Les punks
V. Heavy Metal
VI. Les gangs du Bronx
VII. Le hip hop
VIII. BEN VENOM
IX. CAMILLE LAVAUD BENITO (vinyle découpé)
X. AURELIE WILLIAM LEVAUX et MOOLINEX (La Réponse)
XI. DAVE DECAT
C. LIENS INTERNET
• Karl Heinz Weinberger :
• Gangs du Bronx années 1970 (documentaire 80 Blocks from Tiffany's en VO non sous-titrée) :
• Ben Venom :
https://www.instagram.com/benvenom/
http://www.benvenom.com/
• Ali Express et les 40 Voleuses :
2. DECLINAISONS
A. CARTES DE COMPLIMENTS,
GANGS de CHICAGO, années 1960-1970
Ces formes graphiques étaient spécifiques aux gangs de rue de Chicago durant cette période.
Elles résultaient de luttes entre différents quartiers et bandes d'origines diverses (latino, afro-américaine, ascendences irlandaise, polonaise, italienne, grecque...). Les cartes de compliment étaient utilisées, au même titre que les graffitis, pour marquer une présence sur un territoire afin de le menacer ou le revendiquer.
Ces cartes étaient fabriquées dans des petites
imprimeries offset. Elles étaient imprimées en une couleur sur un papier cartonné coloré. On y trouve des motifs récurrents, souvent d'inspiration médiévale, et une esthétique pré-graffiti qui va se développer plus tard avec le hip-hop. L'influence de l'héraldique européenne (art du blason) est importante.
IV. Fanzine chicano Teen Angels
(1981-2014 ?, environ 200 numéros)
Publication emblématique de la communauté d'origine mexicaine de la région de Los Angeles. Elle contenait notamment des photos, des poèmes, articles de mode, avis de décès, petites annonces et diverses compositions graphiques.
V. Teen Angels, Secret Signals, 1981
Supplément du fanzine contenant un alphabet de langue des signes. Son interprétation est habituellement réservée aux personnes initiées.Les signes avec les mains sont couramment utilisés dans la communauté chicano, comme d'ailleurs dans les gangs de rue afro-américains et gangs de prison.
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